Communiqué de soutien aux interpellé.es du 1er mai

Nous apportons notre soutien aux deux manifestants interpellés à Grenoble le 1er mai. Voici le communiqué du CAR38 :

« Face à un mouvement de contestation historique qui dure depuis janvier, le gouvernement n’a eu que deux réponses. Le passage en force d’une loi anti-sociale refusée par une grande majorité et l’augmentation de la répression.

 

La montée de la colère exprimée dans la rue n’a rencontré que la brutalité de la police et une justice plus souvent aux ordres qu’indépendante. La BRAV-M terrorise Paris, des manifestant·es sont mutilé·es mais le gouvernement essaie de faire croire que les manifestant·es sont des sauvages. Alors que dans la réalité, ce sont des manifestant·es qui ont porté les premiers secours au policier brûlé le 1er mai à Paris, dont tout le monde s’est ému, pendant que ses collègues CRS refusaient d’appeler les pompiers.

Cela ne concerne pas uniquement le mouvement des retraites. Partout les gardes à vue arbitraires ne donnant lieu à aucune suite sont légion. A Sainte-Soline, deux personnes ont fini dans le coma. A Mayotte, dans le cadre de l’opération Wuanbushu (partiellement suspendue par la justice), la police tire à balle réelle. Ce gouvernement ne tient et n’agit plus que par sa police. Belle séquence d’apaisement.

 

À Grenoble, le 1er mai, en fin de manifestation, un cortège s’est détaché de l’anneau de vitesse pour s’engager dans le parc Paul Mistral. 6 ou 7 agents de la BAC ont décidé de bloquer le cortège sans attendre de renforts. Malgré les diverses grenades lancées par la BAC, les manifestant·es ont décidé de continuer à avancer dans le but de poursuivre la manifestation, entraînant le repli de la BAC.

Très rapidement, des policiers de la CDI sont arrivés en renfort de leurs collègues. Ils se sont rués sur les manifestant·es, et, accompagnés de la BAC, leur ont lancé des grenades et ont chargé pour distribuer de nombreux coups de matraque, ce qui a occasionné de nombreuses blessures, nécessitant l’intervention des pompiers et de secouristes déjà présent·es sur place : sutures à la tête et traumas crâniens légers, plaies ouvertes, de nombreuses traces de coups et une blessure aux jambes ainsi qu’un camarade arrêté, selon toute évidence au hasard pendant la charge.

Une deuxième personne sera arrêtée plus tard dans l’après-midi au niveau du carrefour de l’Aigle alors qu’elle rentrait chez elle.

Si on peut s’attendre à une action de la police face à une tentative de départ de manifestation non-déclarée, la réaction à laquelle les manifestant·es ont fait face était totalement disproportionnée. Rien ne peut justifier de frapper les personnes de manière indiscriminée, de jeter des grenades explosives en tir tendu, de s’acharner à frapper la tête de nos camarades, même une fois tombé·es au sol, le tout accompagné d’insultes, de propos sexistes et de menaces de mort.

 

Très rapidement les événements ont fait le tour des médias, ceux-ci reprenant des communiqués de la préfecture qui essaie de légitimer les erreurs faites dans le maintien de l’ordre. La presse n’a raconté que partiellement les événements, minimisant le nombre de blessé·es côté manifestant·es (3 annoncés contre une dizaine référencée par les secouristes manifestant·es) et grossissant les blessés de la police (qui sont sans commune mesure : une entorse et blessure à la jambe), oubliant ainsi de parler de l’usage abusif des armes policières.

La force médiatique diabolise ainsi les manifestant·es, ce n’est pas anodin dans un contexte où le gouvernement tente d’étouffer la colère de celleux ignoré·es depuis plus de 5 mois. Les médias sont alors utilisés à des fin de désolidarisation et de division du mouvement social. Alors que nous dénonçons la répression du mouvement social, la préfecture se sert encore une fois des médias pour se protéger.

 

Les deux camarades sont partis en garde à vue, qui a été prolongée au-delà de 24 h. Durant cette garde à vue au moins une perquisition a eu lieu. Ils ont ensuite été déférés mercredi en fin de matinée au tribunal afin de passer devant le juge des libertés et de la détention (JLD) pour décider de leur libération ou détention provisoire en l’attente de leur procès en comparution immédiate ce vendredi 5 mai.

Cet acte n’est pas anodin : il s’agit des premières comparutions immédiates du mouvement social à Grenoble. Étant donné la qualité des garanties de représentations qui ont été fournies au juge, tout portait à croire qu’ils seraient libérés en attendant leur procès. Cependant, le JLD a décidé de les envoyer en détention provisoire pour des prétextes illégitimes (en justifiant cela par le rassemblement de soutien ayant eu lieu devant le tribunal).

Nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une lecture très politique de ce qui se passe depuis lundi. Nous dénonçons une tentative de la préfecture et de la justice de casser à tout prix la solidarité entre les militant·es. Ils essaient de diviser le mouvement, de distinguer les « bons manifestant·es » des « vilains casseur·euses ». C’est une technique politique très banale de division.

Nous dénonçons la mise en détention provisoire des camarades comme un outil pour faire peur aux militant·es, afin d’éteindre le mouvement.

Nous dénonçons une justice qui malgré une indépendance formelle défend les intérêts du système en place et enferme des personnes pour le simple fait qu’elles contestent l’ordre établi.

Notre réponse face à toutes ces tentatives d’intimidation politique est et sera toujours la solidarité. Nous ne rentrerons pas dans le jeu de la division. Nous serons solidaires envers les camarades, aujourd’hui et à chaque fois que ça se reproduira. Nous appelons à un rassemblement massif vendredi 05 mai à 13 h devant le tribunal pour montrer notre solidarité envers les deux militants.

Montrons à la préfecture que nous n’entrerons pas dans son jeu de dissociation. Venons exprimer notre colère contre cette justice à deux vitesses et crier au gouvernement qu’on ne va pas s’arrêter là et que la répression n’aura pas comme effet d’éteindre le mouvement social en cours.

Solidarité avec les camarades et leurs proches.

Le CAR38

Signataires : Solidaires, CNT, le 38 Centre Social, Groupe Féministe Antifasciste.